gentigre // ashamed

Today i found myself so ashamed.

Pathétique, médiocre. (ça, ce sont des jugements ma chérie)

Comme dans ce vieux bouquin, je suis couverte de boue, qu’il me raconte devant mes yeux pleins d’eau.Ca les rend plus clairs, les larmes, et dans ces moments là où ma seule envie est de me retourner en moi-même, comme on retourne des chaussettes dépareillées, je me baignerai dedans mes pupilles claires et mouillées, j’en boirais la tasse même.

Le jeu et la rêverie, l’émerveillement, sont des royaumes où je ne me trouve pas par hasard.

Ils me protègent de la honte qui se niche au plus creux de mon ventre, là où ça tire le soir,

là où ça spasme, fort, tellement fort, que j’ai plus de souffle, même pas pour gémir. Le corps entièrement sous l’eau sombre et gelée, je respire plus, je vois rien, et je me tords. De honte.

La honte, elle survient quand je suis trop exposée. Dans les espaces où je dois rester en place .

Aujourd’hui on est mardi, et je l’ai éprouvée tellement fort, cette honte, que j’ai fini par la connaître. La voir. La savoir. Est-ce que c’est elle, qui était prisonnière de mes organes écrabouillés tout ce temps ? Qui donnait à voir à mes yeux rien que la brume, me torturant jusque dans mes sens. C’est tu moi ? c’est quoi ? Pourquoi mais pour quoi faire que j’ai mal ?

Des fois je joue à des jeux, un peu insolents, un peu drôles, légers. J’imagine, du plus fort que je peux, et quand ça fonctionne, il y a aucune douleur qui peut pénétrer ce grand espace où s’élancent et se promènent toujours tranquilles l’extase, et tous ses jouets possibles de langages, de formes, de textures, de dialogues, de sons aussi, de lumière, une quantité de lumières subtiles.

C’est si doux la bas, dans cet ailleurs qui est bien là, ou bien c’est moi qui m’y trouve ?

Ce qui est sur, c’est qu’ il n’y a aucun juge dans cet endroit.

Mais le grand problème avec ces royaumes que j’habite souvent, moins que je le voudrais, mais quand même, c’est que leurs parois sont poreuses.

Et sournoisement, la honte s’y glisse. Des fois, elle en profite, et elle emporte avec elle toutes les traces qu’elle traîne. De vieilles images, un vrai film où dedans je me trouve mais c’est plus amusant du tout ce jeu-là, et ça se répète en plus, tout le temps, la violence, l’esseulement, la trahison. Me revoici donc, chatte de gouttière mal léchée un peu farouche, un peu brusque, très craintive, qui s’en va se cacher dans tous les recoins qu’elle peut. Mais pas pour jouer.

Cette sauvagerie, qu’il est faux de dire qu’elle me quitte même quand je joue, a deux versants mais un seul cap : de trouille d’être démasquée, j’esquive, je fuis, je contourne.

Quand je suis dans mon bel arc-en-ciel festif, je suis quand même l’esquive vous savez. Ca me file la nausée, ça me faire sentir traître de moi-même. Et lorsque j’ai épuisé toutes mes batteries, plus de parure, plus de fourrure, plus de gouttière où me blottir, de tout bord, tout devient risque pour ma vie. Les royaumes deviennent leur envers : l’imaginaire crache les pires scénarios qui cette fois m’écrasent

de leurs grosses bottes.

Aujourd’hui je me suis sentie si honteuse que je l’ai su.

Face aux autres qui traînent leur carcasse et qui en font pas tout un plat pour autant.

Est-ce que je me fabrique des petites crevasses de rien du tout, sans le savoir ?

Les pleins phares sur ce qui ressemble à de la vérité, qui me fait trop mal pour la nommer : ma honte de n’être pas plus brûlée, parce que mes brûlures elles se voient pas, alors qui peut y croire ?

Dans ma parure, mes poils se fauchent, et je file à toute vitesse à contre sens, ! VITE !

prendre la sortie quoi, décamper. Fuir ce qui m’attire pour remplir mes propres béances.

Aujourd’hui j’ai ôté une des épines qui tapissent mon corps. Elle est à mettre dans cette petite boite que je trimballe en moi même, de laquelle un jour, je sortirai un puzzle, une grande cartographie arc-en-ciel. Quand je serai libérée de tous ces chardons, ma cité sera opale et j’en serai l’amazone.