réminiscences de la montagne

++++sous+sol++++

s     a    l    i    è    r    e

+

+++ varsol +++

+++ javelles +++

la première image est une tanière poreuse qui s’est faite fracasser le crâne par une violente émulsion de sels fâchés. depuis le haut de la falaise qui lui fait face, à découvert, vraiment à pic, il y a une grande table qui hisse ses voiles trouées cap sur nulle part. et dans la bourrasque qui saccage tout, près du bord, il y a un escalier que je n’avais jamais vu avant. avec des petites marches étroites comme ça. et entre les granits et entre les émeraudes et même les saphirs indigo et le calcaire il y a ma rétine qui s’écaille. crâne d’oeuf fendu. et qui laisse filer du coup une lumière pas très bien cuite. il y a ce à quoi je cours, aussi : des vieux chiffons de fer qui trempent dans mon bain, mon bain sec, maintenant. je finirai par me dire qu’il aurait suffit de descendre tranquille, tenace. avec l’urgence d’être sans repères, à pleine balle vers l’ardent mystère.

+++ duperies +++

si j’avais deux ailes je les flamberais sur l’autel du progrès
j’achèverai l’ascension boulimique
le coup de grâce qui veut nous mettre au bord de toutes les falaises de sa honte
et souffler en nos directions pour nous faire peur de tomber pour de bon
voyez-vous
il n’y a aucune raison
d’avoir peur de mourir
si l’on a pas peur d’enfanter des petites morts
mercantiles

trouverais-je un jour
sans sommeil
le jeu amusant :
un sauter du haut de la falaise-
deux atterrir juste un genou brisé
trois dans un champ d’oranges bleues?

+++ torpille +++

mais que fait la rencontre ?
****
je serai toi et moi si on se trouve, si on se reconnait, comme ça, sans trop savoir ce que c’est de connaitre : nous pourrions être, etc.
tout de même
je n’attendrai plus vos réveils, et même si ça me rend triste un peu, je saurais être ma peur vaincue : la force qui frappera sec, qui saura crier barre-toi
avide de douceur je t’enrayerai, et le désir justifié, intouchable, insipide. et la froideur de tes gestes
pour qu’à chacun de ces mythes infâmes : tes méprisables bluffs, je torde le cou.
Et puissent ainsi y survivre : la pair fortuite, émouvante et sans pareil. y renaître : la poétique et stupéfiante, la précieuse harmonie des comparses; y fleurisse : la rencontre grandiose et éclatante des acolytes. s’y déployer : l’intime bienveillance de ce qui nous sera unanime, faisant alors de nous deux reconnus. semblables.

\\ LA SALIÈRE

est un espace dédié aux procédés d’impression utilisant la lumière (photosensibles), dont l’épicentre est une chambre noire.
Elle voit le jour d’après le désir de pérenniser et transmettre les nombreuses techniques artisanales d’impression photosensible.
Elle a pour raison de vivre l’acquisition, l’autonomie et l’autosuffisance en matière de production, de diffusion et de partage d’art et de poétique, d’outils de réflexion collective et de luttes, de pensée et de souvenirs.
Naissant de la nécessité à laquelle nous contraint l’ère hostile et austère dans laquelle nous peinons à nous frayer un chemin, elle se veut être un lieu ouvert, un espace de rencontres, d’innovations et de réalisation des possibles autour de l’image imprimée.
Elle veut permettre, pouvoir, faire voir.
Il nous semble que l’utilisation de la lumière comme outil essentiel d’impression transforme et enrichit les perspectives d’écriture des possibles.
Il nous semble que de façon concrète, comme analogique, il est impératif de donner vie à des lieux qui résistent à l’atomisation de l’existence, sous toutes ses formes et ses branches.
Il nous semble que la photographie alternative est loin d’avoir livré tous ses secrets et que ses pouvoirs demeurent encore mystères : ici nous irons creuser.
Nous choisissons la lumière comme point d’assise.
Le reste dépendra des à venir.