septembre arrive mais je veux pas être sage

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ici c’est la déroute, mes mots sont opaques.
je suis la funambule qui craque son fil
j’y fais des petits noeuds de fortune.
juste ma chute, juste mes deux pieds qui s’enfoncent dans les marécages de mon reflet qui crie, se roule à terre dans des torrents de boue qui me ravagent. me contorsionnent dans la douleur.
à force, surement qu’il y a des fenêtres qui cèdent et des plaies qui cautérisent mais je les vois même plus
dans cette nuit trop longue.
ce que je vois, plus je trébuche, c’est ce qui veut bien me porter.
c’est pas très beau. quelle importance.
moi je suis pas faite pour l’idée,
je suis pas une convaincue, une adepte, encartée à aucune école,
juste celle de la délivrance.
comment on fait quand on est pas un personnage?

les maux de mon esprit font trop de secrets et contaminent mon corps à mon insu.
bordel.

mais quand elle prend le volant et nous fait rouler sans un mot sur les routes sinueuses des forêts, c’est des sursauts de chaleur, c’est vrai. quand il me confie ses petits principes ridicules, comme il les appelle, ridicules mais vitaux. quand je saute un peu sur mon fil. de la chaleur.
mais très vite, sans mentir, je sens à nouveau mes griffes sortir.

je voudrais être lavée.
me frotter le dos jusqu’au sang s’il faut.

ce matin il fait beau. j’ai dormi longtemps.

si au bout de soi-même, il y a une ôde. à l’amie, au monde, est-ce que ça veut dire que la brûlure est valable?
toutes ces aubes qui se succèdent
grisantes, glaçantes, mouillées ou d’or, miraculeuses.
jusqu’à l’ôde alors?

moi je crois qu’au bout de soi-même, il y a surement, la paix. pas celle qu’on s’imagine. mais une paix grouillante et bruyante.
«armée de sa boussole…» sur une route qui n’est définitivement pas un sentier bétonné en ligne droite et d’équerre. mais une grosse racine, celle que forme l’iris.

peut-etre que le bout de soi-même, c’est la capacité de voir et d’entendre la faune et la flore de mon être fou, fougueux, impatient, abimé, désirant.

je ne sais pas si mes combats sont ailleurs.
mais je suis peut-être, une guerrière. qui s’écorche dans chaque champ vaincu. tous des champs arides. peuplés pourtant de ses poussées invasives, qui ne cessent de me surprendre, à chaque réveil de mes cauchemars trop graphiques.
les excroissances de mon ventre, qui ont la nécessité de dire.

la peur tresse bien son nid. et l’invisible se prend très bien en charge.
tu l’as dis, il n’y a rien d’autre que la vie, rien d’autre à faire, que s’entretenir avec ses tempêtes et ses désirs. en sortir des armes. peut-être aussi faut-il leur trouver une boite, pour pas les perdre, pas oublier où on les laisse trainer.

me mettre à ta place.
peut-être que j’y verrais des astuces, cachées dans le paysage, que t’aurais pas encore vu. ça arrive parfois. ça nous échappe. une silhouette, une ombre, un petit objet, dans un recoin d’une photo, même. alors que c’est une image. on a pas à se pencher normalement. même les images nous cachent des choses.
et puis à la fois, j’ai déjà le sentiment de comprendre. je sais pas, de te sentir. d’entendre. de te voir, aussi. des frissons tu sais. qui parcourent tout le corps.

 

écris-moi encore avec toute ta tendresse.

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